CHAPITRE V. - Les dernières années. - Collections.
CHAPITRE V
LES DERNIÈRES ANNÉES - COLLECTIONS
Durant sa longue vie, LAMARCK fut accablé de malheurs domestiques : il eut la
douleur de perdre ses trois femmes, et trois de ses huit enfants. Il fut aussi
tourmenté par la stricte économie qu'il lui fallut pratiquer et par la gène sans
fin de toute son existence (1).
Mais une dernière épreuve lui était venue avec l’âge. L’usage incessant de la
loupe et du microscope semble avoir affaibli peu à peu sa vue. Bientôt la
cataracte sénile acheva son œuvre et il devint complètement aveugle ; il passa
les dix dernières années de sa vie dans les ténèbres, rien ne nous permet de
supposer que l'on ait tenté l'extraction de ses cristallins opacifiés.
Depuis longtemps déjà, pour l'aider dans l'étude de petits détails, il avait dû
avoir recours à LATREILLE ou à d'autres collaborateurs. En 1818, il demanda, vu
son mauvais état de santé, à être remplacé en partie par LATREILLE, et à partir
de 1820 (2), cette suppléance fut complète ; en 1825, la santé de celui-ci
s'étant ébranlée à son tour, il proposa et fit accepter que M. AUDOUIN,
sous-bibliothécaire de l'Institut, fît à sa place le cours sur les Animaux sans
Vertèbres (3).
(1) « Il vit, dit CUVIER, disparaître son modeste patrimoine et même ses
premières économies dans quelques-uns de ces placements hasardeux, appâts
trompeurs offert, si souvent à la crédulité par des spéculateurs sans honte »
(loc. cit., p. 209).
(2) « M. DE LA MARCK malgré l'affaiblissement total de sa vue, poursuit avec un
courage inaltérable la continuation de son grand ouvrage sur les Animaux sans
Vertèbres. » (CUVIER : Histoire des Progrès des Sciences Naturelles pour 1819,
p. 406).
(3) Au sujet de la nomination d'AUDOUIN à la suppléance de LAMARCK nous trouvons
dans les Études sur la vie et les travaux de DUCROTAY DE BLAINVILLE par Pot.
NICARD, (BALLIÈRE, Paris 1890) une curieuse lettre de BLAINVILLE - qui désirait
ardemment cette suppléance - à LAMARCK : il lui rappelle les aides qu’il lui a
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